vendredi 2 octobre 2009

LE GRAND MAITRE INSPIRATEUR : 'Abd al-Qâdir al-Jîlâni

Il est sans doute l’un des personnages clés qui ont marqué l’histoire de la science, le soufisme et l’islam depuis plus de huit siècles. Il est l’inspirateur éponyme de l’école connue sous le nom « al-qâdiriyya ». Il est également connu pour sa connaissance en sciences diverses de l'islam, ses enseignements spirituels et pour son ascèse. Son histoire est aussi marquée par plusieurs récits hagiographiques. Il est né à Jilan en 1077 dans la Provence sud est de la Perse. Il s’agit d’Abû Muhammad `Abd A-Qâdir b. Abî Sâlih Mûsâ Jankî Dôst b. Abî `Abd Allâh b. Yahyâ Az-Zâhid b. Muhammad b. Dâwûd b. Mûsâ b. `Abd Allâh b. Mûsâ al-Jûn b. `Abd Allâh al-Mahd al-Mujall b. al-Hasan al-Muthannâ b. al-Hasan b. Alî ibn Abî Tâlib3.Il est du côté maternel le fils de Umm al-Khayr Fâtimâh bint Abî `Abd Allâh As-Sawma`î.
Dés son très jeune âge, son désir de la science divine était immense. A l’âge de dix sept ans plusieurs évènements se produisirent et le poussèrent à faire face à son destin à la quête de la science. Le désir et la résolution de cheminer vers Baghdâd étaient amorcés. Alors il supplia la permission à sa mère avant de fréquenter de grands savants et de développer des connaissances en sciences diverses, à savoir, le hadîth, la science de la vie du Prophète (sîrah), la théologie, la jurisprudence (fiqh), la grammaire, la récitation du Coran et la philologie.
Parmi ses plus grands maitres du soufisme, on trouve Abû al-Khayr al-Hammâd b. Muslim al-Dabbâs (m.1130) qui le forma dans la voie initiatique par les exercices spirituels mais on dit également qu’il a reçu une formation d’Abu Yûsuf al-Hamadâni qui était un des premiers maitres de la chaine initiatique naqchabandi. On rapporte qu'il a reçu la filiation initiatique d'al-Qâdi Abî Sa'îd al-Mûkharramî qui l'a lui-même reçue de plusieurs maitres liés aux Chiblî, al-Junayd, al-Saqati, al-Ta`î jusqu'à 'Ali b. Abî Tâlib.
Il acquiert les sciences du Coran et les fondements de la religion de plusieurs sheikhs parmi lesquels on cite : 'Aqîl al-Hanbali, Mahfûd al-Kûlâdâni al-Hanbali, Muhammad b. Qâdi. Après l’âge de cinquante ans, sa réputation fut telle dans les sciences du soufisme et de la sharî`a que certains lui donnèrent le titre de Pôle (un article entier sera dédié à ce sujet dans les semaines à venir). C'est un titre honorifique qui ne confèrent aucun pouvoir propre au Sheikh mais qui reflète bien la diversité et l'excellence de ses connaissances. ’Abd al-Qadir a continué à transmettre ses enseignements et sermons jusqu'à sa mort en 1166 et a été enterré dans la galerie de son école à Bagdâd.
La richesse de son enseignement tient tout d’abord à deux caractéristiques fondamentales, l’une qui prône la loi de Dieu et l’autre qui se rapporte à la réalisation spirituelle, à savoir une polarisation exotérique/ésotérique. Cette richesse cristallise l'image de sa propre connaissance des sciences canoniques et spirituelles en islam. Il a d’ailleurs continuellement insisté sur la conformité de l’exercice ascétique avec les recommandations du Coran et de la Sunna, toute en s’écartant des dérives de la mystique musulmane tels la danse, chants et musique lors des auditions spirituelles et les rassemblements des fideles, de tout autre chose qui va à l’encontre du Coran et de la Sunna.

(Bientôt la suite de l'article, courant juin 2015)

Référence à lire absolument :

(Le secret des secrets)
http://www.amazon.fr/Lacc%C3%A8s-myst%C3%A8re-Abd-Al-Q%C3%A2dir-al-J%C3%8EL%C3%82N%C3%8E/dp/2841614565/ref=aag_m_pw_dp?ie=UTF8&m=A2XX1YECW0R775

(Oraisons et poêmes mystiques d'al Jîlânî)
http://www.amazon.fr/oraisons-po%C3%A8mes-mystiques-J%C3%AEl%C3%A2n%C3%AE-ar-Rabb%C3%A2niyya/dp/B00CPCDEJ0/ref=aag_m_pw_dp?ie=UTF8&m=A2XX1YECW0R775

15 commentaires:

moustapha a dit…

salam,
je recommande la lecture du livre : "le réveil des cœurs" qui recueille 33 sermons de cheikh Abdelkader Jilani.
Il est rempli d'exhortations pour les gens qui veulent se purifier.

moustapha a dit…

salam,
qu'est ce que la chaine initiatique naqchabandi ?

Yahia a dit…

salem,

La chaine naqshabandi renvoie à la voie spirirtuelle qui est née en turquie par khwaja al naqshqabandi. C'est une voie qui donne beaucoup d'importance au flux de l'air lors des séances du souvenir.

moustapha a dit…

Salam,

Pour Abdel Qadr al Jilani, son destin n'était pas de devenir un "fermier" comme d'autres enfants de son entourage.

Étant jeune, la rencontre avec le bœuf fut décisif: Ce dernier s'était mis en face de l'adolescent se promenant et distrait et le bœuf lui a dit que "Ta mission n'est pas d'être laboureur !".

Le voici être en face de sa destinée.

En rentrant précipitamment chez lui puis en allant à la terrasse, un "voir" le troubla énormément : "
Il se voit sur le mont arafat entouré de fidèles en rangs serrés.

Mais ce sont les conseils avisées de sa Mère en entendant le récit de son fils qui le poussa à partir acquérir la science à Bagdad.

Cette partie de l'histoire de Abdel Qadr al Jilani nous rappelle une autre histoire, l'histoire du Prophète Youssef (Que la Paix soit sur Lui) lorsqu'il était enfant avec son Père Jacob (Paix sur Lui).

Que Allah Azza wa Jalla nous pousse à acquérir la science ainsi qu'à nos enfants et à supporter le poids de notre destinée.

Nahla a dit…

Salam alikum

Cette article est intéressant et les commentaires aussi. J'ai juste une question qui me turlupine le cerveau, si tu dis que la chaine naqshabandi est née en turquie par khwaja al naqshqabandi, on sais de ces derniers qu'ils pratiquent un soufisme mysthique en particulier la danse c'est l'une des particuliarité chez les Turcs (enfin je pense). Peut être que je me trompe mais comment Jîlâni a pu pratique l'enseignement des sciences canoniques et spirituelles en s'écartant de la pratique mysthique chose que tu qualifis de "dérive": "tout en s’écartant des dérives de la mystique musulmane tels la danse, chants et musique lors des auditions spirituelles et les rassemblements des fideles, de tout autre chose qui va à l’encontre du Coran et de la Sunna".

Pratiquer le soufisme, faire partie d'une Tariqa quel soit Shadiliya ou naqshabandi ou autre est toujours accompagné du fait de réhausser son dévouement par la pratique mysthique elle se rattache a la pratique du dhikr ou psalmodier ou encore s'élever par des chants lors des rassemblements des fidèles (surtout si celle-ci est née en Turquie..). Mais encore une fois je te rappele que c'est mon avis mais aussi et peut être que je me trompe et tu peux me corriger si toute fois je suis dans l'erreur. Cependant je sais que cela est pas très utile et que l'enseignement de Jîlâni se rapproche le plus de la Sunna et donc est plus important que toute autre pratique quel soit d'oeuvres mysthiques ou/et ésotérique.

Pour finir je voulais te faire partager certaines lectures car comme toi je m'interesse à l'hagiographie de ses personnages qui ont marqués les sciences du Coran à savoir les Saints plus paticulièrement les Saintes je m'intéresse à l'histoire de Laila 'Âisha al-Mannûbiyya une Sainte de Tunis, non pas quelle soit de Tunis, mais son histoire est pour moi l'une des plus marqué dans l'histoire des Saints, pour t'en faire un bref historique, elle a été l'une des disciples du maître éponyme de la Shâdhiliyya, Sîdi Abî l-Hasasn al-Shâdhilî, elle incarne la figure de la parfaite "ravie" en Dieu, elle transgresse les normes et revendique les deux dignités de Qutba (pôle spirituel,ton prchain article) et de Khalîfa (vicaire de Dieu sur terre) puisqu'elle priait au coté du Sheikh Shâdhilî lors de la khutba et des cérémonies spirituelles, et cela reste un des moments fort de l'histoire des Sanites dans l'islam car on n'avait pas vu jusqu'a 'Âisha des femmes prier avec les hommes dans la même salle.

Voilà j'attend des impressions
Salam Boumédiènne.

Yahia a dit…

Salem alykum nahla,

En ce qui concerne 'Abd al Qadir al Jilani, il a bien eu un maitre dans sa propre formation qui était naqshabandi, à cette époque on ne parlait pas de confrérie comme l'on pense aujourd'hui, principalement si l'on se réfère à la turquie soufie, tous celà s'est développé des siècles bien aprés. D'ailleurs comme je l'avait dit, al Jîlâni lui même était clair sur cette question, il s'en est écarté et condamné dans la Ghuniya Li tâlibî tarîq al haqq. Il n y a aucun doute la dessus, ses textes sont clairs. Je t'invite à distinguer ce que lui-même disait de ce que les succésseurs en font. C'est là d'ailleurs à mes yeux une caractéristique du développement du confrérisme en général, à savoir les relations doctrine/pratiques. Les pratiques ne reflètent pas souvent la doctrine du tawheed car l'être humain est représente une complexité subordonnée à la connaissance divine (c'est tout un sujet qui suscite des intérrogations profondes, parfois même des déchirements).

Personnellement, les questions autours des femmes vertueuses (saintes) sont trés intéréssantes à introduire dans les études relatives au soufisme. Je ne connait pas grand chose sur cette figure mais j'ai pu apprendre moi-même beaucoup sur l'apport féminin dans la spiritualité en cottoyant une sainte il y a quelques années passées. Il est vrai qu'il y a beaucoup à dire sur son statut de pôle, cheminement et ascension.., etc. Je suis tout de même trés prudent sur ces questions qui elles mêmes sont subordonnées aux questions autour du Pôle spirituel. Celà n'empèche qu'il a eu, qu'il y a actuellement, et qu'il y aura des saintes parmi les saints.

moustapha a dit…

salam,
est ce qu'un saint peut se révélé saint en restant célibataire ?
Nous connaissons le cas particulier de Yahya asws.

Est ce qu'une sainte peut se révélée sainte en restant célibataire ?
Nous connaissons le cas particulier de Myriam asws.

En ce qui concerne les femmes de notre Prophète Mohammed asws, ne sont elles pas les mères des croyants et des croyantes ?
Sont elles des saintes ?, des pôles ?
Quel à été le rôle dans leur sainteté de leurs mariages avec le Prophète asws ?

Et pour la meilleur des femmes, la fille de notre prophète Fatima Zora asws :
Est elle une sainte ?, une pôle ?
Partage elle sa sainteté avec son mari Ali asws ?
Nous ne connaissons que peu de Fatima Zora asws et pourtant elle devrait être le premier modèle de femme pour toutes les femmes musulmanes.

Yahia a dit…

Salem Mustapha,

Voila une série de questions trés intéréssantes mais qui méritent naturellement une prudence soutenue dans mes réponses. Cette prudence d'abord s'inscrit bien evidemment dans la manière dont on conçevait les choses, puis en second la prudence s'impose toujours quand on parle de Muhammad 'alayhi assalâtu wa as-salâm ou de sa famille radhiyya allahu 'anhâ. Les deux exepmles dont tu as pu cité en haut reflètent conformément la virtuosité à travers le model yahyâwî et le model mariyamî, l'un à propos d'un héritage du saint de Yâhya 'alayhi assalâtu wa as-salâm et l'autre s'appliquant de l'héritage d'une sainte de mariyam radiyya allahû 'alayha. C'est tout à fait possible à premier abord, mais quand on regarde de prés les questions, on se rendre compte que le cheminement de la femme et de l'homme se ressemble et se diffère dés lors qu'on aborde la question des lois canoniques (al-ahkâm al-char'iyya). Alors pour répondre de façon trés superficielle, les deux cheminements se diffèrent, et donc la question d'héritage ne poeut ètre comprise que dans le cadre du chemin de Muhammad à mes yeux, c'est lui seul selon la tradition musulmane qui doit ètre suivi et dont dépend l'héritage généralement.

En ce qui concerne la notion du célibat, lâ encore la prudence est requise car le modele Yahyâwi illustre bien la possibilité d'avoir des saints célibataires mais qui finiront certainement comme martyrs, il ne faut pas confondre ici l'aspect célibataire du prophète duquel les saints peuvent ètre amenés à hériter de la science à l'exemple des mystiques chrétiens des moines, qui n'a rien a voir.

Râbi'a al 'adawiyya est une figure de sainte trés connue dans le monde musulman, qui était souvent qualifiée "d'amoureuse de Dieu", voir "folle de Dieu". Moi-même considère qu'elle ne pouvait l'être sans le suivi du prophète Muhammad ainsi que de sa lignée, à savoir proncipalement l'incontournable Fâtima 'alayhâ as-salâm fille du prophète.

Les femmes du prophète 'alayhi assalâtu wa assalâm ont respectivement un statut fondé dans le Coran, et c'est dans l'étude de ce statut qu'on concevra amplement leurs roles spirituels pour la communauté.

moustapha a dit…

Salem,
Je pense que nous pouvons faire le rapprochement entre Abdel Qader Jalini et Omar El Khattab puisque ils suivent je pense Tariq El Haqq.
Peut t'on avoir des précisions sur les analogies et les différences entre ces deux maitres.

moustapha a dit…

salam aleykoum et bon aid

J'ai bien aimé faire l'analogie entre les différentes significations du verbe "inspirer" (qui découle du nom "inspirateur" et le fait de faire le dikr.
premier sens : faire pénétrer artificiellement de l'air dans les poumons.
deuxième sens : faire entrer naturellement de l'air dans les poumons.
troisième sens : faire naitre dans le cœur, dans l'esprit, quelque mouvement, quelque dessein, quelque pensée.
Quatrième sens : recevoir des lumières surnaturelles par une sorte de souffle divin.
Cinquième sens : conseiller, diriger, aimer
Sixième sens : être aviser, avoir l'idée.

Tout les sens de ce verbe raisonne bien avec les qualités de Abdel Qâdir al Jilâni

moustapha a dit…

Voici plus d’un mois que nous abordons l‘article sur Abdel Qader El Jilani, et je crois que nous n’avons pas encore exploité tous les informations concentrées dans cet exposé.
Lorsque tu dis :
« Il est sans doute l’un des personnages clés qui ont marqué l’histoire de la science, le soufisme et l’islam depuis plus de huit siècles. Il est l’inspirateur éponyme de l’école connue sous le nom « al-qâdiriyya » ».
Nous pouvons comprendre qu’Abdel Qader Al Jilani est à la source d’une école islamique qui réuni science de l’islam et science du soufisme.
« Etant une référence, comment devons nous aborder alors les différents écrits de ce personnage clé ? «
Cela nous conduit aussi, implicitement à nous posez les questions :
« Devons nous suivre aussi les enseignements de Abdel Qader el Jilani en rentrant dans une école al Qadiriyya ? »
« Comment devons-nous nous conduire devant une des écoles existantes à l’heure actuelle ? »
Aussi, tu m’as déjà donné la définition du mot « éponyme », peut tu nous la redéfinir à nouveau ?
Tout croyant ayant le devoir de suivre les recommandations du Prophète Mohammed, qui a le droit de fonder une école islamique éponyme ?

Je comprends qu’il existe d’autres personnages clés dont certains sont déjà cités dans cet article.
Peux-tu nous citer la liste de tous les inspirateurs éponymes ?

moustapha a dit…

salam aleykoum,
est ce que abdel qader est un pole ?
est t'il le pole de son siècle ?

moustapha a dit…

salem,
lorsque l'on demande de faire des études d'un pôle à l'autre;
la rencontre de deux pôles doit être comme la jonction de deux océans.
une expérience riche de connaissances, rare, la prunelle des yeux.

abdelrachid a dit…

salam
est ce que les savants les plus reconnus dans les sciences de l'islam , etaient ils tous des soufis ?

Yahia a dit…

A priori, mais tu le sais mon frère que sans a priori, tout change de sens. "Les savants sont les héritiers des prophètes...", le sont ils tous au sens propre SAVANT, qui sont ils réellement ? Ceux qui connaissent le Coran sacré par coeur récitatif ? Ceux qui connaissent le Coran Sacré en termes de langues et de sens ? Ou Bien ceux qui le connaissent dans ces jugements ... Soufis signifient qu'ils soient purs, transparents et sincères... Soufis signifient qu'ils soient savant sur eux-mêmes d'abord par la maîtrise de soi et la discipline muhammadienne...Soufis signifient qu'ils ne tombent pas dans le radicalisme...Soufis (ou purs) signifient qu'ils n'agissent pas pour être récompensés dans l'ici-bas mais qu'ils se satisfassent de leur Seigneur 'azza wa jalla jalâluhû...Bien sur que non, les savants ou plutôt les docteurs en sciences diverses n'occupent pas le même rang...chacun son rang mon frère et chacun aura son salaire auprès de Dieu 'azza wa jalla jalâluhû.